Un athlète gagne 72 fois plus qu'une athlète. Il est grand temps que ça change !
Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. C'est une excellente occasion de mettre en évidence les injustices et les inégalités entre hommes et femmes dans différents domaines. Dans le monde du sport, par exemple, les écarts entre les sexes restent importants, bien que plusieurs fédérations et organisations s'efforcent de rendre le monde du sport plus égalitaire. Parmi eux, Riksidrottsförbundet, la fédération suédoise du sport.
- Ce n'est pas uniquement un problème pour les femmes, mais c'est un problème pour le développement du sport en général. Tout le monde, quel que soit son genre, devrait pouvoir participer et changer le monde du sport, explique Sofia B Karlsson, experte et responsable de la formation dans le domaine de l'égalité des sexes et de l'inclusion pour Riksidrottsförbundet (la fédération suédoise des sports).
Les hommes et les femmes sont valorisés différemment
Selon Statistiska centralbyrån (un bureau statistiques suédois), les femmes gagnent 89 % du salaire des hommes. Et les différences dans le monde du sport sont encore plus importantes que dans les autres domaines.
En 2017, SVT (une chaîne de télévision suédoise) a comparé les salaires de 108 athlètes sélectionnés en équipe nationale de 7 sports différents (football, hockey sur glace, ski alpin, biathlon, natation, athlétisme, golf et ski de fond). Le résultat est époustouflant : le revenu mensuel moyen des athlètes des équipes nationales féminines était de 18 890 SEK (1 785€) par mois, alors que le salaire mensuel moyen pour les hommes était de 1 358 551 SEK (128 330€) par mois. Soit 72 fois plus que les athlètes féminines !
- La différence de salaire est principalement due à l'image que l'on se fait du sport en question et de la façon dont sont financées les équipes féminines par rapport aux équipes masculines. Les équipes féminines ont souvent besoin de faire leurs preuves avant de recevoir des financements, alors que c'est une évidence et une habitude d'investir de l'argent pour les équipes masculine, explique Sofia B Karlsson. Elle poursuit :
- Pour faire changer les choses, vous pouvez commencer par faire attention autour de vous, dans votre club, votre association sportive ou votre fédération. Comment sont prises les décisions ? Sont-elles justifiées, ou s'appuient-elles sur des idées reçues ? Comment sont réparties les ressources et pourquoi ? Nous devons nous faire à l’idée qu’il faut répartir les ressources de manière égale et naturelle.
Sofia B Karlsson est responsable de la formation dans le domaine de l'égalité des sexes et de l'inclusion pour Riksidrottsförbundet (la Fédération suédoise des sports).
Un reflet de la société dans son ensemble
Pourquoi y a-t-il tant d'inégalité dans le monde du sport ? L'une des raisons, c'est que la société a tendance à ne pas considérer le sport comme un métier à part entière, explique Shadé Jalali, responsable l'industrie du sport et leader d'opinion au sein d'Unionen (un syndicat suédois).- Beaucoup de gens ne considèrent pas le sport de haut niveau comme un véritable métier, et pense qu'il est possible de faire ce que l'on veut et de contourner les lois sur la discrimination qui s'appliquent aux autres domaines professionnels. J'ai mené des études les domaines du football professionnel et du hockey professionnel. Les résultats sont clairs : presque tous les postes sont détenus par des hommes. Juges, entraîneurs, médecins, présidents – tous les postes. Et c'est une réalité, aussi bien pour les équipes féminines que pour les équipes masculines, explique Shadé Jalali.
- Ces inégalités sont dues au poids de la tradition. En effet, la plupart des sports ont été créés par des hommes, pour des hommes. Des mouvements comme Me too et Time out, ont permis de mettre en évidence ces inégalités. Des changements sont en cours, mais il reste encore beaucoup à faire, explique Sofia B Karlsson.
Que pouvons-nous faire alors ?
- Il faut revoir les financements des équipes. L'argument selon lequel les femmes ne peuvent pas gagner autant d'argent que les hommes parce qu'elles ne jouent pas au même niveau ne tient pas. Il faut prendre de plus grandes mesures pour faire de l'égalité une priorité. Il faut également faciliter les évolutions de carrière dans le sport pour les femmes. Aujourd'hui, quand une femme met fin à sa carrière sportive, il est courant qu'elle reprennent des études dans un domaine complètement différent, ce qui est rarement le cas pour les hommes. On n'obtiendra pas une société plus égalitaire sans changer les choses, dit Shadé Jalali. « L'argument selon lequel les femmes ne peuvent pas gagner autant
d'argent que les hommes parce qu'elles ne jouent pas au même niveau ne
tient pas. », explique Shadé Jalali, responsable l'industrie du sport et leader d'opinion au sein d'Unionen (un syndicat suédois).
Que peuvent faire les hommes pour faire changer les choses ?
- Les hommes ont une grande part de responsabilité. Si vous faite partie de la majorité, vous pouvez faire changer les choses. Peut-être avez-vous une position de pouvoir ? Ou peut-être que vous prenez part aux décisions dans votre club ? Les hommes ont la possibilité de prendre leurs responsabilités face à cette situation, mais ils doivent aussi comprendre que d'autres n'ont pas une position évidente pour faire changer les choses, explique Sofia B Karlsson.L'objectif d'égalité des sexes de la Fédération nationale des sports
Depuis la Coupe du Monde Féminines de Football en 2019, une loi française obligent les principales fédérations sportives du pays à employer au moins 40 % de femmes. L'idée est d'inciter plus de femmes à faire carrière dans le football, en tant que joueuses, arbitres, entraîneurs ou directrices de club. La loi fait partie d'une réforme visant à accroître l'égalité entre les hommes et les femmes en général dans le pays.
En Suède, la Fédération suédoise des sports a fixé des objectifs d'égalité entre les sexes pour l'année 2025. L'objectif global est que les femmes et les hommes aient le même pouvoir de façonner le sport et leur participation au mouvement sportif.
- Nous travaillons sur des objectifs qui ont été déterminés par le monde sportif dans son ensemble. Nous publions régulièrement des rapports sur notre site Internet afin de surveiller l'évolution. Ces rapports comprennent, entre autres, la composition par sexe au sein des conseils d'administration et des comités électoraux des associations sportives, l'égalité des sexes parmi les dirigeants sportifs. Depuis cette année, nous suivons le travail des associations avec l'égalité. Nous avons également un important investissement éducatif où nous complétons nos connaissances sur l'impact des normes de masculinité sur l'environnement sportif, explique Sofia B Karlsson et continuer :
- S'il s'agit d'une association ou d'un club où il y a peu de femmes et beaucoup d'hommes, il faut se poser la question : Pourquoi y a-t-il autant d'hommes et si peu de femmes ? Nous travaillons dans une perspective respectueuse des normes, explique Sofia B Karlsson.